La place de l'homme dans l'univers

 » […] Il est inutile de vouloir convaincre les grandes personnes en employant leur langage où tout est réduit à des symboles et à des abstractions ; de recourir à des démonstrations scientifiques, sous le prétexte qu’elles ne peuvent rien comprendre d’autre. Seuls les actes motivés par l’amour et l’exemplarité de notre engagement peuvent les convertir.

Pour celui qui est solidaire des hommes, l’homme n’est pas réductible à un simple mot, mais doit être reconnu dans tous les êtres dont il est responsable. Il ne s’agit pas de vouloir connaître l’homme, mais d’aller à la rencontre de tous les hommes au-delà de tout ce qui peut les nier ou nous en séparer. Il ne s’agit pas d’imaginer telle ou telle forme de bonheur, mais de permettre à tous les hommes d’être heureux là où ils sont. Il ne s’agit pas de concevoir la beauté, mais de révéler la beauté des choses. A trop vouloir définir les essences au lieu de favoriser les existences, on ne montre que la vanité et le vide du coeur, on refuse de vivre et de mourir, car on ne meurt ni ne vit par des mots. »

 

Jean-Philippe Ravoux, Donner un sens à l’existence, ou pourquoi Le Petit Prince est le plus grand traité de métaphysique du XXe siècle. Ed. R. Laffont.
Chap. XVII, p.112.